1) Messages importants :
– L’épistaxis peut être grave du fait de son abondance, de sa répétition ou de sa continuité et du risque de décompensation d’une tare associée (coronaropathie, trouble respiratoire…)
– Avis spécialisé en urgence :
- epistaxis postérieure non contrôlée ou récidivante dans les 72h
- epistaxis massive
- epistaxis persistante avec taux hb <8g/dl
– Ecoulement le plus souvent antérieur par les narines mais aussi postérieur par les choanes dont la mise en évidence se fait par l’examen du pharynx à l’abaisse-langue. La vérification répétée de l’absence de saignement pharyngé après rinçage bucco pharyngée est indispensable.
– Le patient peut vomir des caillots de sang (épistaxis postérieure déglutie) et faire évoquer à tort une hématémèse
– Quelle que soit la gravité de l’épistaxis, rechercher :
- atcd : HTA connue, antécédents hémorragiques, ...
- prise d’ anti-coagulants et d’antiaggregants
- durée et abondance de l’épisode hémorragique actuel
- retentissement de la spoliation sanguine : FC, TA, anxiété, agitation, pâleur, sueurs
- les facteurs favorisants et les corriger lorsque cela est possible (hypertension artérielle, hémopathie, traitement anticoagulant, ...)
2) Etiologies
– très souvent, une épistaxis n’a pas de cause évidente : c’est l’épistaxis essentielle en règle bénigne, du sujet jeune
– Facteurs favorisants :
- HTA
- Troubles de l’hémostase :
- ttt anticoagulants (AVK ; aspirine > ains)
- insuffisance hépatique (alcoolique, virale ou toxique)
- coagulopathies : thrombopénies sévères, hémophilie, maladie de Willebrand, déficits en divers facteurs de coagulation.
– Causes traumatiques
- nécessitent de rechercher :
- fracture des OPN
- une rhinorrhée cérébrospinale
- hématome de la cloison qui nécessite prise en charge ORL en urgence du fait du risque infectieux et surtout de nécrose secondaire
– Causes locales :
- tumeurs malignes des fosses nasales et des sinus (épistaxis UNILATÉRALE répétée avec hypo ou anosmie, une obstruction nasale avec ou sans rhinorrhée unilatérale et des signes visuels)
- rhinopathies spécifiques ou non, toute atteinte inflammatoire de la muqueuse nasale peut s’accompagner d’épistaxis, ulcère simple de la cloison, rhinite atrophique, maladie de Churg et Strauss, Wegener etc.
- fibrome nasopharyngien : " polype saignant au moment de la puberté masculine " (tout saignement de nez spontané chez un garçon impose une endoscopie nasale)
- maladie de Rendu Osler (télangiectasie hémorragique héréditaire) :
- angiomatose télangiectasique à la fois cutanée, viscérale et muqueuse, associée dans 10 à 25 % des cas à des anévrysmes et des fistules artérioveineuses, en particulier pulmonaires et cérébrales)
2) Appel téléphonique ou courrier électronique
– Réponse par le sénior.
– Si signes de gravité, conseiller l’appel du 15 pour transport médicalisé.
– Orienter vers urgences les plus proches, au mieux " urgences ORL " Lariboisière.
3) Tri IAO
– Niveau 1 : signes de gravité hémodynamiques (hypotension, tachycardie, sueurs, marbrures)
– Niveau 2 : les autres cas
– Niveau 3 : épistaxis peu abondant ; épistaxis tari patient âgé
– Niveau 4 : épistaxis tari patient jeune
4) Prise en charge en Box
– Niveau 1 : DECHOCAGE.
– Niveaux 2, 3 et 4 : BOX D’EXAMEN.
3) EPISTAXIS GRAVE
– Prise en charge IDE
- Calmer le patient, installation en position demi assise.
- Voie veineuse. Sérum salé isotonique (9%).
- Bilan :
- Groupe, RH, RAI, NFS, TP, TCA, ionogramme, urée, créatinine, avec bilan hépatique complet en cas de signe d’insuffisance hépatocellulaire.
- ECG, bilan radio si indiqué (OPN, TDM)
- antibiothérapie par voie IV dès les prélèvements effectués.
- Monitorage scope ; PA ; SpO2 ; O2 en fonction de la saturation.
- Préparer le plateau ORL (pince coudée, abaisse langue,..) et le kit épistaxis (sonde double ballonnet, mèches de tamponnement ant et post, xylocaïne naphtazolinée®, … présent dans la réserve ortho).
- Culots O négatifs si indiqués en urgence centre de transfusion, poste 12669/12667
– MECHAGE ANTERIEUR :
- patient : demi assis
- Mouchage énergique de chaque fosse nasale pour évacuer les caillots
- anesthésie de contact et vasoconstricteurs locaux : xylocaïne spray et/ou xylocaïne naphazolinée® (rétraction de la muqueuse).
- introduction à l’aide de la pince coudée d’une mèche d’alginate de calcium :
- Algostéril® : la pince saisit la mèche à 10 cm de son extrémité (pour éviter sa chute dans le pharynx à travers la choane) et est enfoncée jusqu’à la partie postérieure de la fosse nasale
- la mèche est bien tassée en accordéon d’arrière en avant jusqu’à la narine
- contention de l’extrémité antérieure du tamponnement par un ruban adhésif sur l’orifice narinaire
- antibiothérapie de couverture (amoxicilline 2 g/j) per os est systématique
– EN CAS D’ECHEC DU MECHAGE ANTERIEUR MISE EN PLACE D’UNE SONDE A DOUBLE BALLONET type Bivona :
- faire essai gonflage lent des ballonnets (eau sterile)
- lubrifier la sonde avec lubrifiant hydrosoluble
- la sonde est introduite jusqu’à la garde (biseau dans le rhinopharynx) le ballonnet postérieur est gonflé modérément (4 à 8 ml) et bloqué dans la choane
- gonfler ensuite le ballonnet antérieur dans le vestibule narinaire (10-25 ml) pour isoler l’ensemble de la fosse nasale
- Penser à noter le vol injecté dans les ballonnets et l’heure de la pose
- dégonfler progressivement les ballonnets toutes les 6 heures pour éviter la nécrose de la muqueuse si le patient ne peut être pris en charge immédiatement en ORL
- antibioprophylaxie pour prévenir sinusite réactionnelle et tt antalgqies indospensables
- a défaut sonde double ballonnets :
- Sonde de Foley (sonde urinaire à ballonnet) dont il est indispensable après l’avoir gonflée de la maintenir en traction vers l’avant afin que la choane soit bien obturée sans geste brutal.
- clampage de la sonde au ras de l’orifice narinaire.
- doit être associé à un tamponnement antérieur de façon systématique
– CAS REBELLES RECIDIVANTS EN MILIEU SPECIALISE :
- cautérisation
- ligature endoscopique ou chirurgicale
- embolisation en radiologie interventionnelle
5) Unité d’observation/USR
– En règle pour tous les patients dans l’attente du bilan, une orientation à partir des box peut être envisagée dans certains cas
6) Orientation
– Réanimation médicale ou chirurgicale :
- mauvaise tolérance malgré prise en charge initiale
– ORL Lariboisière :
- tout patient ayant nécessité un méchage avec sonde double ballonnet
- la chirurgie d’hémostase et l’embolisation seront indiquée pour :
- toute épistaxis postérieure non contrôlée ou récidivante dans les 72 heures
- toute épistaxis massive supérieure à 1 litre
- toute épistaxis persistante avec un taux d’hémoglobine inférieur à 8 g/l
– Sortie :
- Epistaxis bénigne sans signe de gravité clinique tarie après compression bi-digitale
- l’ordonnance de sortie comportera des mèches hémostatiques (Coalgan®) +/- pommade hémostatique locale pommade HEC) pour une mise en place par le patient en cas de récidive
- En cas de méchage antérieur, la sortie se fait sous antibiotique (Amoxicilline® 2g/24h) et avec nécessité de consulter un ORL dans les 48h
7) Bibliographie
– Epistaxis, M Menard, Urgences Médico chirurgicales de l’Adulte P Carli, B Riou, C Télion 2è éd. p1245.
– Epistaxis et autres urgences hémorragiques ORL, P Herman, Urgences 2003 : 28, 339-350.
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