Actualités d’avril 2025

 lundi 5 mai 2025  |  il y a 1 heure  |  0 Commentaires
   Dr Michel NAHON

 Quelles sont les sensibilités et spécificités des biomarqueurs des réactions anaphylactiques ?

Diagnostic Utility of Biomarkers in Anaphylaxis : A Systematic Review and Meta-Analysis ; The Journal of Allergy and Clinical Immunology : In Practice, Published online April 13, 2025

L’anaphylaxie est une réaction allergique potentiellement mortelle généralement déclenchée par des aliments, du venin ou des médicaments. Les critères cliniques sont essentiels pour le diagnostic d’anaphylaxie qui reste en général facile. Cependant, le recours aux biomarqueurs de laboratoire pourrait apporter une confirmation précieuse lorsque le diagnostic clinique est moins évident. Cette revue systématique et méta-analyse à pour objectif l’analyse des principaux biomarqueurs, notamment la tryptase, l’histamine, le facteur d’activation des plaquettes (PAF), la PAF-acétylhydrolase (PAF-AH) et la prostaglandine D2 (PGD2) urinaire, pour déterminer leur utilité dans le diagnostic de l’anaphylaxie. Cette étude systématique a été réalisée conformément aux directives PRISMA-DTA. Les études publiées entre 2004 et 2024 dans Embase et MedLine ont été incluses si elles évaluaient la précision des tests diagnostiques de la tryptase, de l’histamine, du PAF, du PAF-AH ou de la PGD2 urinaire dans les cas confirmés d’anaphylaxie. Les estimations de sensibilité et de spécificité regroupées ont été calculées à l’aide du package diagmeta de R. Ainsi, vingt-huit études ont été incluses portant sur 18 749 patients, parmi lesquels 3 329 ont présenté une anaphylaxie. La tryptase était le biomarqueur le plus fréquemment étudié (24 études), avec une sensibilité et une spécificité regroupées de 0,49 et 0,82, respectivement. L’histamine avait une sensibilité groupée de 0,76 et une spécificité de 0,69. Des données limitées étaient disponibles pour le PAF, le PAF-AH et le PGD2 urinaire.
Les études suggèrent que la tryptase reste le biomarqueur le plus largement utilisé et le plus accessible pour diagnostiquer l’anaphylaxie. L’histamine et la PGD2 urinaire présentent un potentiel, bien que leur dosage soit limité par des problèmes pratiques. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour établir les rôles diagnostiques du PAF et du PAF-AH, en particulier dans les voies d’anaphylaxie non médiées par les IgE.

 Rapport 2025 de l’académie de médecine sur les commotions cérébrales liés au sport

LES EFFETS NEFASTES RETARDES DU SPORT INTENSIF Partie 1 – Les commotions cérébrales dans le sport, Rapport de l’Académie Nationale de Médecine

Au cours des vingt dernières années, les commotions cérébales (CC) liés au sport sont devenus un problème majeur de santé publique. Les CC touchent non seulement les athlètes de compétition, mais aussi les femmes et les enfants. L’Académie française de médecine a publié un rapport détaillé à ce sujet. Les commotions cérébrales (CC) représentent 5 à 9 % de tous les traumatismes liés à la pratique du sport, mais avec une grande variabilité suivant le type de sport. Compte tenu des politiques mises en place afin de développer la pratique du sport amateur et de loisir, il est fort probable que ces données de prévalence soient très largement sous-estimées. De nombreux arguments épidémiologiques existent pour considérer que les CC peuvent être à l’origine de maladies neurodégénératives, encéphalopathie chronique traumatique, sclérose latérale amyotrophique ou maladie d’Alzheimer. Il en est de même pour les impacts crâniens sous-commotionnels dont la répétition à l’entrainement ou en compétition est à l’origine d’une mortalité par sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie d’Alzheimer plus importante que dans la population générale. C’est la raison pour laquelle la mise en place de stratégies de prévention est essentielle afin de réduire le risque de développement de ces pathologies neurodégénératives. De telles stratégies doivent reposer à la fois sur une amélioration des équipements de protection (casques, protections intra-buccales dans certains sports), une meilleure préparation physique et technique des sportifs et l’adaptation de règlements sportifs. Du côté médical, une meilleure sensibilisation des professionnels de santé à la reconnaissance des CC, à leur diagnostic précoce, à la mise en place de programmes adaptés de récupération des fonctions neurologiques (en utilisant les ressources de télémédecine) et à l’application de critères stricts de retour en compétition sont indispensables pour réduire les effets à long terme des CC. Enfin, la formation des cadres sportifs non-professionnels de santé à la reconnaissance de signes suspects de CC tient une place importante pour la prévention des effets à long-terme des CC répétées.

 L’hyponatrémie directement liée à la mortalité des patients hospitalisés

Mortality and causes of death in patients hospitalized with hyponatremia – a propensity matched cohort study, European Journal of Internal Medicine, avril 2025,

L’hyponatrémie chronique est fréquente chez les patients hospitalisés et associée à une mortalité élevée. La mesure dans laquelle cette situation reflète un effet causal reste incertaine.
Cette étude est basée sur la Stockholm Sodium Cohort, une base de données de laboratoire longitudinale couvrant 1,6 million d’individus de 2005 à 2018. En utilisant l’appariement des scores de propension 1:1, les auteurs ont exploré les taux de mortalité et les causes de décès chez les patients présentant une hyponatrémie légère (130-134 mmol/L), modérée (125-129 mmol/L), profonde (120-124 mmol/L) ou très profonde (<120 mmol/L) par rapport aux patients présentant des concentrations de sodium normales (135-145 mmol/L) lors de leur admission dans les services de médecine. Au total, 283 837 personnes ont été inclus, dont 79 407 souffraient d’hyponatrémie. Parmi eux, 66 941 (52,7 % de femmes) ont été appariés avec succès à des homologues dont les concentrations en sodium étaient normales. Les taux de mortalité à trente jours étaient plus élevés chez les patients atteints d’hyponatrémie (HRs de 1,35 [95 % CI 1,28-1,42] en cas d’hyponatrémie légère à 3,38 [95 % CI 2,16-5,28] en cas d’hyponatrémie très profonde). Les taux de mortalité à un an étaient légèrement plus élevés chez les patients atteints d’hyponatrémie légère (HR 1,04 [95 %CI 1,01-1,07]), mais plus élevés en cas d’hyponatrémie plus prononcée (HRs 1,18 [95 %CI 1,09-1,27] à 1,38 [95 %CI 1,11-1,69]). L’excès de mortalité à 30 jours en cas d’hyponatrémie légère, modérée et profonde était principalement en rapport avec des maladies malignes et gastro-intestinales. La surmortalité liée à l’hyponatrémie est proportionnelle à la perturbation du taux de sodium, mais s’atténue avec le temps. Cependant, les causes de décès suggèrent que la confusion résiduelle due à la gravité des maladies sous-jacentes est la principale cause de l’augmentation de la mortalité.

 La myocardite aiguë a un moins bon pronostic que la douleur thoracique aiguë inexpliquée

Characteristics and prognosis in acute myocarditis and unexplained acute chest pain : a nationwide longitudinal cohort study, Open Heart 2025 ;12:e003050.

La myocardite aiguë (MA) est une maladie au pronostic variable, allant de la guérison complète à l’insuffisance cardiaque terminale (IC) et au décès. Son diagnostic est souvent difficile à différencier de la douleur thoracique aiguë inexpliquée (DTAI) dans un contexte aigu. Cette étude examine les résultats à court et à long terme de la MA par rapport à la DTAI, en se concentrant sur le risque de développement d’une IC. Les DTAI se caractérisent par une gêne thoracique soudaine et sévère, sans cause évidente. Le diagnostic est généralement posé une fois que les autres diagnostics (tels que le Syndrome Coronaire Aigu) ont été écartées. Les études montrent que les patients souffrant de DTAI présentent un risque accru d’événements cardiovasculaires. La MA et la DTAI ont toutes deux un meilleur pronostic que l’infarctus aigu du myocarde. Les auteurs ont utilisé le registre du Swedish Web System for Enhancement of Evidence-Based Care in Heart Disease Evaluated According to Recommended Therapies pour identifier les patients de plus de 16 ans admis à l’hôpital entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2018 et souffrant d’une MA ou d’une DTAI. Les patients ont été suivis pour leur évolution, y compris la mortalité, la réhospitalisation et le développement de l’IC à la fois à court terme (30 jours) et à long terme. Des modèles de risques proportionnels de Cox ont été utilisés pour comparer les risques, en ajustant les facteurs démographiques et cliniques. Au total, 3792 patients atteints de MA et 109 934 patients atteints de DTAI ont été inclus. La durée médiane du suivi était de 7,8 ans (Q1, Q3 ; 3,4, 12,3). Les patients atteints de MA étaient plus jeunes que ceux atteints de DTAI, l’âge médian étant de 37 ans (T1, T3 ; 26, 52) contre 59 ans (T1, T3 ; 49, 69) et les hommes plus nombreux (79,9 % contre 51,4 %, p<0,001). La comorbidité était moins prononcée dans la cohorte MA. La douleur thoracique était le symptôme le plus fréquent dans les deux groupes. Le taux de mortalité à 30 jours (OR 3,75, 95% CI 1,9 à 7,3, p<0001) et à long terme (OR 2,0, 95% CI 1,69 à 2,39, p<0,001) était significativement plus élevé chez les patients avec MA que chez les patients avec DTAI. Les patients AM étaient plus susceptibles de développer une IC au cours du suivi (OR 2,3, 95% CI 1,81 à 2,93, p<0001).
La MA est associée à de moins bons résultats à court et à long terme que la DTI, y compris un risque plus élevé de développer une HF même après la première année.

 Parodontite, gingivite et perte de dents pourraient augmenter de 22 % le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC)

The Association Between Periodontitis, Gingivitis, Tooth Loss and Stroke : An Umbrella Study with Meta-Analysis Brain Sci. 2025, 15(1), 10 ;

Les maladies cérébrovasculaires (MCV) ont plusieurs facteurs de risque qui sont classés comme modifiables et non modifiables. Les maladies parodontales (MP) ont un rôle modifiable dans la survenue des AVC, plusieurs études ayant suggéré des corrélations directes ou indirectes avec les maladies systémiques. Cette étude a pour but de résumer, d’évaluer et d’analyser toutes les preuves disponibles dans la littérature, afin de mieux comprendre la relation entre la parodontite, la gingivite, la perte de dents et les AVC. Les bases de données PubMed, Cochrane, Scopus et Web of Science ont été recherchées pour toutes les méta-analyses évaluant l’effet de la MP sur l’AVC, conformément aux directives du Joanna Briggs Institute pour les revues générales en mars 2024. L’évaluation des revues systématiques multiples (AMSTAR) a été utilisée pour l’évaluation de la qualité. Une analyse groupée a été réalisée pour évaluer l’effet de la parodontite, de la gingivite et de la perte de dents sur l’AVC, en fonction de la disponibilité des données, à l’aide de Review Manager Version 5.2.11. Sept méta-analyses ont été identifiées comme étant de grande qualité, et elles étaient réparties dans différents pays. La parodontite était généralement associée à une augmentation significative du risque d’AVC (OR = 2,32, 95% CI : 1,70, 3,17, p < 0,00001 et RR = 1,22, 95% CI : 1,15-1,29, p < 0,00001), tout comme la perte de dents, mais à un degré moindre (0,78). Cependant, l’effet de la gingivite n’était pas significatif en termes d’AVC (RR = 1,32, IC à 95 % : 1,12-1,56, p = 0,0008). Cette étude confirme l’effet de la parodontite et de la perte de dents sur l’AVC, sans tenir compte du rôle significatif de la gingivite. La relation obtenue favorise le rôle suggéré de certains changements inflammatoires dans la voie pathogène menant aux changements athérosclérotiques.

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